Emmanuel Macron réarme les Français

Le Président de la République a échangé en direct jeudi soir sur les réseaux sociaux avec des Français inquiets d’un conflit ouvert avec la Russie et d’un revirement des Etats-Unis.

En moins d’un mois depuis sa prestation de serment, Donald Trump, de retour à Washington pour la seconde fois, a déjà redessiné la carte du monde et son équilibre. Depuis ses déclarations quasi conjointes avec le président russe sur un éventuel accord de paix en Ukraine, duquel Volodymyr Zelensky semble d’ailleurs exclu, il fait planer en Europe une crainte, non pas nouvelle, mais confirmée, de l’abandon de l’Europe, couverte depuis 80 ans par le « grand frère » américain. Celle-ci devrait alors assumer seule ses nécessaires besoins de sécurité dans un monde instable alors que le président américain, davantage businessman que diplomate en chef, confirme sa volonté de passer des « deals » au coup par coup à la faveur de ses propres intérêts.

Au pied du mur, l’Europe doit repenser sa stratégie de sécurité et remettre au goût du jour l’idée d’une défense commune. Un serpent de mer auquel croit dur comme fer le chef de l’Etat français qui tente de mobiliser ses partenaires européens sur cette question depuis le premier jour de son premier mandat. Les déclarations conjointes de Poutine et Trump sur le sort de l’Ukraine et l’hostilité franchement assumée du locataire de la Maison Blanche à l’endroit du président ukrainien ont redonné la pêche à un Emmanuel Macron en panne de succès depuis l’épisode raté de la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2024 et l’instabilité gouvernementale qui en a résulté. Revêtant l’habit dans lequel il se sent le mieux, le Président a donc repris son bâton de pèlerin et son rôle de leader en Europe pour sensibiliser tout à la fois nos voisins européens et le peuple français.

Trois ans après l’invasion de l’Ukraine – un léger rappel à l’ordre chronologique au Président Trump -, Emmanuel Macron a confirmé vouloir « sonner le tocsin face à la menace que représente la Russie pour l »Europe et pour la France ». La semaine a donc été plus chargée que prévu puisque l’agenda présidentiel s’est étoffé de quelques rendez-vous de dernière minute. Alors qu’Emmanuel Macron s’envolera pour Washington lundi pour y rencontrer un Donald Trump qu’il espère rendre à la raison – « Je le connais, moi, Donald Trump », a-t-il glissé un brin confiant au cours de ses échanges avec les Français jeudi soir-, il a déjà consulté ses partenaires européens réunis à Paris en début de semaine, avant de rencontrer les forces politiques françaises dans la foulée et de s’adresser donc ce jeudi directement aux Français, en répondant à leurs questions sur les réseaux sociaux.

Inquiets, ces derniers l’ont interrogé sur l’éventuel envoi de combattants en Ukraine ou sur la probabilité que le conflit ukrainien ne dégénère en « troisième guerre mondiale ».

« L’armée la plus efficace d’Europe »

« Nous, Français, on a une armée forte, la plus efficace d’Europe, (…) mais on va devoir réinvestir encore plus, Français et Européens ».
Emmanuel Macron

S’il s’est voulu rassurant sur ces deux points, expliquant qu’il est toujours prudent d’éviter « les grands mots », et que la France disposant à la fois d’une armée de métier « la plus efficace d’Europe » et « de la dissuasion nucléaire », et qu’il n’y aurait donc pas de « conscrits » sur le terrain, le Président a joué la transparence, ne cachant pas qu’il nous faudrait ainsi, « augmenter l’effort de guerre ».

« Chacun d’entre nous doit se demander ce qu’il peut faire pour la nation française et la République », a-t-il conclu, en invitant notamment les Français à mettre leurs compétences (en cybersécurité notamment) au service de la réserve dans l’armée ou la police alors que l’idée de lancer des produits d’épargne pour soutenir les efforts et les financements de programmes de défense semble actée dans l’esprit du chef de l’Etat.

« Nous sommes en guerre », avait-il dramatiquement insisté en informant les Français que la pandémie de Covid devait nous conduire au confinement de la population. Ces mots qu’il a rappelés ce jeudi soir apparaissent, avec le recul comme funestement prémonitoires.

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