David Cameron, un grand vainqueur et une grande inconnue

Qui l’eut cru? David Cameron, le Premier ministre sortant britannique grand vainqueur d’un scrutin que l’on prévoyait des plus serrés, peut se délecter de l’échec des sondeurs et commentateurs.cameronok

« Il n’y a qu’un sondage qui compte, c’est celui du soir des élections », déclare sans tarder le chef de gouvernement Tory alors que les sondages de sortie des urnes commencent à révéler son inattendue et si incroyable victoire. Son gourou et spin doctor, Jim Messina, renvoie lui « les journaleux » à leurs études. L’équipe de David Cameron a en effet de quoi se réjouir: alors que les instituts de sondages et commentateurs les plus avisés donnaient depuis des semaines et des mois leur « patron » au coude-à-coude avec Ed Miliband, le chef de file malheureux des Travaillistes (le Labour enregistre ici son pire score depuis 30 ans), le sortant  rafle la mise (329 sièges sur 650, soit trois au-dessus de la majorité requise) et pourra donc gouverner sans l’aide de personne. Les électeurs ont fait leur choix, celui de  la stabilité et d’une économie conquérante, quel qu’en soit le prix. On reparlera en temps voulu des contrats zéro heure, de la flexibilité, du démembrement du système de santé et du fameux NHS. Aujourd’hui, l’heure est aux réjouissances. Pour autant, le Royaume-Uni de dans cinq ans, date de la fin du second mandat de Cameron, pourrait se trouver considérablement modifié, voire bouleversé et pas uniquement du fait de sa politique sociale.

En effet, le chef de file conservateur ne pourra ignorer le score historique des nationalistes écossais qui remportent, avec Nicola Strugeon à leur tête, 56 sièges sur les 59 impartis. Comme il ne pourra ignorer sa promesse d’organiser, en 2016 ou 2017 au plus tard, un référendum sur le maintien ou non de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. Et ces décisions, qu’on le veuille ou non, n’impacteront pas seulement l’avenir de nos voisins d’outre-Manche mais aussi le nôtre puisque le Brexit (la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne) priverait l’Europe d’un budget de 14 milliards par an; idem si l’Ecosse gagnait in fine son indépendance, ouvrant de facto la voie aux autres régions d’Europe qui réclament leur autonomie.

En voulant privilégier la continuité, les Britanniques ont peut-être mis le doigt dans l’engrenage du plus important bouleversement qui pourrait s’écrire dans l’Europe contemporaine. Et si ce vote redessinait au final la carte entière de l’Europe?

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